25 mai, 3ème étape, de Saugues au Domaine du Sauvage.
Aujourd'hui, sur ce parcours de 19kms nous serons encore en Haute Loire, au coeur de la Margeride.
De Saugues (960m) nous monterons vers La Clauze (1092m), Villeret- d'Apchier (1137m), Chazeaux (1152m) et nous arrêterons au Domaine du Sauvage (1292m).
Dès les premiers pas nous rencontrons à nouveau la "bête" sur le trottoir.
Nous quittons donc Saugues dont j'ai juste aperçu de loin la célèbre Tour des Anglais, un donjon carré du 13ème siècle qui domine la ville.
Sur le bord du chemin l'Estancot, un petit hôtel gratuit.
Il est bien précisé sur le panneau qu'il est libre. Quelque pèlerin égaré y dort-il parfois? C'est la question que je me pose tout en cheminant...
Eh oui c'est le 3ème jour, merci de nous le rappeler!
Nous traversons de nombreuses forêts de résineux. Parfois, bien sûr, beaucoup de gadoue!
Des petits ruisseaux serpentent au milieu des prairies...
7,5 kms de marche et nous voilà arrivés à La Clauze avec sa tour perchée.
Le village était autrefois une place forte militaire et il pouvait y avoir jusqu'à
100 soldats en garnison.
La tour est un vestige des fortifications d'un château construit au 12 ème siècle.
De plan octagonal, elle est bâtie à cheval sur un bloc de granit qui émerge,
une vraie prouesse!
Il neige à nouveau!
Un peu plus loin nous nous installons pour pique-niquer sous la bruine. Ce n'est pas l'idéal mais nous nous doûtons que plus loin ce ne sera pas mieux...
Nous continuons de monter tout doucement. La neige devient de plus en plus épaisse à partir de Villeret-d'Apchier. Nous passons plusieurs villages mais il pleut et je fais peu de photos...
Non ceci n'est pas un ruisseau mais notre chemin, nous devons marcher là-dedans!
Il fait froid et j'ai l'onglée. Je me félicite d'avoir pris les guêtres , un sous- pull chaud et mon bandeau de laine pour les oreilles. Le "poids de mes peurs" peut-être mais je déteste avoir froid!
S'en suit une longue traversée à travers la forêt d'épicéa. Je suis seule ( Francis est loin devant). Tout est calme et beau. La neige tombe de temps en temps des branches et tout est un peu féérique.
Le chemin n'en finit jamais et je me demande parfois si je ne me suis pas perdue. Combien de kilomètres reste-il avant ce fameux domaine du Sauvage?
Enfin une clairière dans la forêt et un signe de civilisation, des chevaux à poils longs qui n'ont pas l'air de souffrir dans cette neige.
Enfin le voilà! Dans un bref rayon de soleil nous l'apercevons au loin.
Mais le domaine du Sauvage va vite jouer à cache-cache et disparaitre de nouveau dans le brouillard et nous devons continuer avec l'inquiètude de passer à côté sans le voir....
Pour ceux qui doûteraient que nous avions bien de la neige...
Je rappelle que nous sommes fin mai...
Nous sommes enfin au chaud!
Dans la cuisine commune réservée à ceux qui ne profitent pas de la demi-pension nous nous réchauffons un peu autour du feu et mettons nos chaussures à sécher. Je regrette de ne pas avoir photographié, un peu plus tard, la trentaine de paires de chaussures bourrées de papier journal (excellent absorbeur d'humidité) installées tout autour de l'âtre.
Nous sommes, avec Pomerol, parmi les premiers arrivés et nous attendons dans la grande salle à manger l'heure du dîner. La salle est majestueuse avec ses murs de pierre et ses magnifiques poutres.
Les autres arrivent petit à petit. Certains s'arrêtent juste pour prendre un verre et se réchauffer un peu mais ne peuvent pas rester car il n'y a plus de place. Parmi eux il y a Annie du Var et Alain le Breton ,toujours vètu d'un short court malgrè le froid!
Au Sauvage il faut réserver à l'avance car les places sont très demandées.
Ils doivent donc continuer et le temps se gâte...
Nous installons nos sacs dans le dortoir (6 places).
Il est grand, confortable et tout neuf. Le seul inconvénient est que pour y accèder il faut aller chaque fois à l'extérieur et contourner dans la boue et la neige l'ensemble du grand bâtiment. Il faut donc se rechausser avec les chaussures de rando toutes mouillées et affronter le froid! Dommage qu'il n'existe pas un couloir entre la salle à manger et les chambres...
En regardant par la fenêtre du dortoir on imagine aisément l'immensité et la solitude de ce domaine isolé à 1292 mètres au sommet de la Margeride, face à une large vallée orientée vers le nord.
Comme celà doit être difficile en plein hiver...
De retour dans la salle à manger, une bourasque se lève brusquement entrainant des tourbillons de grésil et un épais brouillard. J'ai une pensée pour les quelques pèlerins qui ont dû poursuivre leur chemin.
Annie nous dira plus tard avoir eu peur de se perdre et de mourir là!
Le soir, au dîner, un repas succulent nous est servi confectionné avec les produits du terroir.
Au dessert, un employé qui a passé son enfance ici même, sur le domaine, nous explique son histoire avec passion.
De sa famille, le domaine est passé, en 1976, aux mains du Conseil Général et a retrouvé ses activités historiques. En effet il avait été construit au 12ème siècle pour assurer l'accueil et l'hospitalité des pèlerins et maintenant il accueille à nouveau pèlerins et randonneurs en assurant aussi un coin vente de produits régionaux et les repas. Il aide ainsi à la survie des paysans du coin.
Cette 3ème journée se termine donc ainsi.
Je suis surprise de ne pas être davantage fatiguée. Mon dos me fait moins mal, je m'habitue au poids des sacs ( environ 10kgs)
Par contre mes genoux me font de plus en plus souffrir malgré les massages du soir...