6 juin, 34 ème étape, de Saint-Jean-Pied-de-Port à Roncevaux
Cette fois -ci c'est bien la dernière étape pour cette année!
Après les hésitations d'hier nous sommes bien décidés à franchir les Pyrénées et à arriver à Roncevaux cet après-midi. Nous reviendrons ce soir à Saint-Jean-Pied-de-Port par la navette. J'ai réservé le même gîte pour ce soir.
J'ai choisi la "voie haute" la route Napoléon et ports de Cize et Francis finalement la voie dite "basse" de Varcarlos. Nous nous retrouverons là-bas.
Presque 25km pour moi avec un dénivelé positif de 1240 et négatif de 469m. Pour Francis presque 23km avec un dénivelé positif de 882 m et négatif de 255m.
Nous partons à 7h30 un peu plus tôt que les autres jours. Il faut compter environ 7h pour la traversée et nous voulons avoir le temps de visiter un peu avant de rentrer.
Nous partons également moins chargés, environ 3 ou 4 kg. Comme nous revenons au même gîte ce soir, Eric nous a proposé de laisser nos gros sacs et nous en a prêtés des petits.
Il fait beau et c'est le temps idéal pour admirer les paysages.La plupart du temps les pèlerins ne voient pas grand chose à cause du mauvais temps et parfois même la traversée est interdite...
En haut de la rue nous sortons de la cité par la porte d'Espagne. C'est par là passent tous les pèlerins depuis des siècles...
Au bout de 250m après nos chemins se séparent, tout droit pour moi, à droite pour Francis. A tout à l'heure si tout va bien!
Le parcours commence par une bonne montée puis s'adoucit sur 3 km.
Puis de nouveau la route se met à grimper, c'est la montée dite "d'Huntto". Il y a 500m de dénivelé dans les 2 premiers kilomètres! Et moi qui n'aime pas çà!
Mais tout se passe bien à ma grande surprise. Je fais comme on m'a conseillé de tout petits pas réguliers en évitant de m'arrêter dans la montée. J'attends chaque fois un petit "plat" pour souffler un peu. Déjà autour de moi un beau panorama se détache.
Pendant prés de 3km çà monte pas mal!
A mi-montée, la route tourne vers le sud et le chemin continue sur une piste de terre. Je dois avoir parcouru environ 7km.
La côte se poursuit jusqu'à une table d'orientation à 702m. Là je fais une petite pause pour admirer le paysage, c'est magnifique, je suis déjà récompensée de mes premiers efforts!
Encore quelques centaines de mètres de montée et puis enfin le chemin devient plat jusqu'au refuge d'Orisson à 800m. Là je fais une halte pour acheter un sandwich, remplir ma bouteille et profiter des toilettes. Beaucoup de pèlerins dont Michèle et Florence sont attablés sur la terrasse mais je ne veux pas m'arrêter encore. Je ne me sens pas fatiguée et je ne veux pas couper mon élan.
J'ai prévu de m'arrêter à la Vierge d'Orisson qui se trouve à 1000m environ, reste donc encore du dénivelé à gravir avant le repos.
Les paysages sont de plus en plus sauvages. Nous cheminons au milieu des troupeaux de vaches ,de brebis, de chevaux sauvages, les Pottoks. Tout est bien vert. En contre bas on aperçoit des zones de bergers avec leurs abris, les "Kayolars".
Mais bientot le vent commence à se lever. Jusqu'à Orrisson on ne l'avait pas du tout senti mais plus on monte et plus il souffle!
Il souffle tellement fort sur le côté gauche que parfois nous sommes entrainés vers le ravin! Attention les chapeaux!
(si vous agrandissez la photo en-dessous vous verrez plusieurs pèlerins qui ont dû courir après!)
La petite route continue ainsi et enfin au bout de 11,5 kilomètre la Vierge de Biakorri, protectrice des bergers, est là, à gauche, sur un amoncellement de rochers, un peu à l'écart. Elle est toute petite, toute mignonne.
Biakorri veut dire "les vents qui courent" et je comprends pourquoi!
Je suis heureuse de la voir enfin, c'est le but que je m'étais fixé pour une vraie pause. Je suis maintenant à 1100m d'altitude !
Je m'installe donc sur un rocher après m'être rapprochée d'Elle pour l'admirer.
Derrière Elle le panorama est somptueux, mais quel vent! Heureusement que je suis un peu abritée derrière les rochers...
Avec Damien, le pèlerin d'Angers
Après un quart d'heure je reprends le Camino. Même si çà continue à grimper un peu je sais que le plus dur est maintenant derrière moi.
Il y a même de temps en temps des petites descentes. Quel plaisir!
Vers midi je m'installe sur un rocher, le plus confortablement possible, pour manger mon sandwich. Florence et Michèle s'abritent peu aprés, à quelques mètres de moi, à l'abri d'un muret de parpaings comme il y en a beaucoup dans le coin. Ces murets servent en octobre aux chasseurs de palombes pour se poster...
La petite route nous conduit ainsi jusqu'à la Croix Thibault toute décorée par les ex voto des pèlerins. Je suis à 1228 m et j'ai parcouru 15km.
Des drapeaux de prières sont accroché autour de la croix. Selon la croyance quand ils sont arrachés par le vent les voeux sont exaucés...
A cet endroit là il faut quitter la petite route et tourner à droite sur une piste qui se dirige vers le col ouest du pic Leizar Atheka.
Un peu plus loin un marchand ambulant vend du pain, des fruits, du café hors de prix et surtout il propose le "dernier tampon français" avec la croix Thibault. Je lui achète une banane (1 €!) pour compléter mon repas et il me tamponne ma crédencial.
En marchant mes pensées s'envolent vers tous les "fantômes" qui ont précédé mes pas...Tout d'abord les troupes de Charlemagne puis beaucoup plus tard celles de Napoléon. Ils ont dû bien souffrir avec tout leur harnachement et tout leur matériel! Je pense aussi à ce pauvre Roland mort là en 778, aux Celtes, aux légions romaines, aux Musulmans et aux millions de pèlerins dont beaucoup ont laissé leur vie sur ces hauteurs...
...et comme en écho à mes pensées, je tombe nez à nez sur une plaque d'ardoise vissée sur un rocher. Elle rappelle, elle aussi que l'Histoire résonne sur ce site sauvage.
Je longe maintenant une magnifique hêtraie en direction du col de Bentarte et de la Fontaine de Roland.
Je passe devant une borne jacquaire. Compostelle est a 765km. Je n'ai jamais été aussi prés!
Je marche seule aujourd'hui mais pourtant je ne le suis jamais vraiment tout à fait. Il y a toujours des pèlerins devant et derrière moi. Nous sommes nombreux à traverser. Beaucoup d'Espagnols qui ont pour habitude de démarrer le chemin à Saint-Jean-Pied-de Port. Ils commencent par l'étape la plus dure! Des Chinois aussi, des Japonais et des gens du monde entier et de tous les âges!
Il parait que 73% des pèlerins partent de Saint-Jean-Pied-de-Port.
J'arrive à la Fontaine de Roland à 1317m sur la piste quasiment plate. J'ai marché pendant 16,5km et je ne suis pas très fatiguée.
Je remplis ma bouteille, c'est le dernier point d'eau avant Roncevaux.
Je fais une nouvelle tentative pour joindre Francis au téléphone (impossible jusqu'à maintenant). Cette fois-ci je réussis. Il est proche du col Ibanata et tout va bien. Il est satisfait de son parcours le long de la Nive.
Sur la fontaine on peut lire: "Bidea-Iturria-Bizia" c'est à dire: le Chemin-la Fontaine-la Vie"
250 m après la fontaine je passe le petit col de Bentate à 1325m d'altitude puis je franchis la frontière.
Çà y est je suis en Espagne!
Damien et Isabelle me dépassent encore une fois!
La piste traverse maintenant une forêt, en légers vallonnements, pour atteindre le large col d'Izandorre.
Je passe devant un petit refuge, le seul entre Orisson et Roncevaux. A l'intérieur se trouve un téléphone d'urgence.
On a du mal à se l'imaginer sous ce beau soleil mais ces cols peuvent être très dangereux en cas de mauvais temps. Beaucoup de pèlerins ou randonneurs se sont déjà perdus. En cas de brouillard il parait qu'on ne distingue plus rien.
D'ailleurs depuis la frontière des jalons affichent le numéro d'urgence, le 115, tous les 50m c'est dire...
Le chemin recommence à monter jusqu'au point culminant le col Lepoeder à 1410m. J'ai parcouru presque 21 km. la descente s'annonce enfin!
En haut du col j'ai une vue panoramique sur Roncevaux tout en bas dans le vallon.
(Roncevaux en français, ou Orreaga en basque ou Roncesvalles en espagnol et officiellement Orreaga / Roncesvalles l'Espagne.)
Un choix s'impose à moi maintenant, aller à droite en prenant le GR 12 qui conduit au col Ibaneta ou continuer tout droit dans la forêt sur la piste très pentue qui permet de gagner quelques centaines de mètres.
C'est ce choix que je fais mais en descendant très lentement, en lacets, en m'appuyant le plus possible sur mes bâtons. Je me souviens trop de la descente de Saint-Privat-d'Allier et je ne veux pas me faire mal aux genoux dans les derniers kilomètres!
Certains pèlerins descendent pourtant en courant!
3 km donc de forte descente sur un sentier caillouteux puis la piste s'élargit et s'adoucit et soudain j'arrive à Roncevaux.
J'ai réussi!
Le chevalier Roland agonisant et tenant sa célèbre épée Durandal
La première chose que je fais est de monter au bureau pour faire tamponner ma crédencial. Là, c'est la queue, je dois patienter au moins une demi-heure. Francis me rejoint et me donne sa crédencial.
Le dortoir-restaurant peut héberger jusqu'à 120 pèlerins et c'est une organisation militaire. Plusieurs hospitaliers, parlant toutes les langues sont là pour accueillir les personnes, le tout surveillé par un vigile. Quand arrive notre tour on me dit que je n'ai pas rempli la fiche pour les statistiques (rien ne le signale).Juste notre nom à écrire et 3 croix à cocher mais on m'oblige à refaire la queue, je suis même accompagnée par le vigile au cas où!
Il est bien loin l'accueil souriant des hospitaliers de Conques ou de Vaylats!
Ensuite nous nous baladons autour du monastère dont la fondation remonte au 12ème siècle. Ce monastère comprenait déjà une hôtellerie pour les pèlerins.
L'église Santa Maria du 12ème de style gothique avec à gauche l'hôtellerie pour les pèlerins
Le maître-autel est présidé par l'image de Santa Maria de Roncevaux, du XIVe s., belle statue gothique en bois recouvert d'argent et de dorures
Un magnifique vitrail racontant l'épopée de Roland
Saint-Jacques
Notre Dame des douleurs du 13ème, aux larmes de diamant
A droite, l'édifice le plus ancien d'Orreaga/Roncevaux est la chapelle du Saint Esprit ou Silo de Charlemagne, du XIIe siècle. C'est là que, selon la légende, Roland aurait planté son épée, après la défaite de la Bataille de Roncevaux.
A gauche, l'église de Santiago ou des pèlerins, de style gothique primitif. À l'intérieur est conservée la cloche de l'ancien ermitage de San Salvador de Ibañeta dont le son guidait les pèlerins les jours de brouillard.
Entre la Chapelle de Santiago, le Monument à la Bataille de Roncevaux, dont les reliefs illustrent l'affrontement.
Nous faisons plusieurs fois le tour puis entrons dans un des 2 bars pour prendre un café. Là nous retrouvons le jeune couple de Canadiens qui a dormi dans notre chambre la nuit dernière.
Quand nous sortons, nous apercevons Michèle, Florence, Damien et Isabelle installés sur la terrasse de l'autre bar.
Finalement c'est avec eux que nous prendrons le taxi pour le retour un peu plus tard. En nous groupant le trajet ne nous coûtera pas plus cher qu'en bus et nous gagnons une heure.
Pour la dernière soirée à Saint-Jean-Pied-de-Port nous irons tous ensemble dans un restaurent sous les remparts. Une agréable soirée pour clore le chemin...
Voilà mon parcours français est terminé.
J'ai parcouru environ 770 kilomètres au total, sans encombre, sous le soleil, la pluie, dans la neige et la boue.
Ma tête est pleine de beaux souvenirs et j'en sors grandie.
Reste maintenant exactement la même distance pour arriver à Compostelle.
En 2015 peut-être, qui sait? L'avenir me le dira...
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5 juin,33ème étape, d'Aroue à Saint-Jean-Pied-de-Port
C'est sous un beau soleil que nous allons parcourir cette ultime étape en territoire français, la plus symbolique!
22,5 kilomètres de plus et nous arriverons au but que nous nous étions fixée pour cette année.
Nous allons marcher entre 2 vallées, le vallon de Larceveau d'un côté et la vallée de saint-Jean-Pied-de-Port de l'autre.
Partout des paysages bien verts, avec des brebis basques, des vaches, de grandes maisons blanches aux toits rouges.
Nous traverserons Larceveau puis Bastida Xoko, Utziate, Gamarthe, Saint-Jean-le-Vieux pour arriver en début d'après-midi dans la rue de la Citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Après le petit déjeuner pris dans la salle à manger-cuisine, nous quittons le gîte et traversons une dernière fois le village.
Nous suivons d'agréables chemins, passons le hameau de Béthano puis au bout de 3km Larceveau.
Puis c'est Bastida Xoko et Utziate.
Il fait beau et c'est agréable de marcher. Nous montons, descendons, longeons un ruisseau, passons le long des prairies en ouvrant et fermant des barrières ...
8km et nous arrivons, en haut d'une côte, prés d'une croix navarraise de Galzetaburu. Elle date du 18ème siècle.
Nous faisons là une petite halte au bord du talus pour manger quelques fruits secs.
Nous sommes à 262m et nous allons continuer de monter vers Garmathe en passant un petit col.
En route nous aurons le plaisir de croiser un troupeau de manechs têtes noires en transhumance.
"La manech tête noire est une race ovine originaire des montagnes du Pays basque, dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Elle est élevée principalement pour son lait, qu'elle produit en quantités satisfaisantes, et qui entre dans la conception du fromage appelation d'origine contôlée ossau-iraty. C'est un mouton cornu, à la laine blanche et à la tête et les pattes noires. Il est très rustique et occupe généralement les terrains les plus difficiles de la montagne pyrénéenne. Il est bien adapté à la transhumance et à la vie l'été dans les estives."
Je pense aussitôt aux belles vaches de l'Aubrac que nous avions croisées sur une route,l'an passé à la même époque.
Nous continuons notre route. Nous sommes assez groupés aujourd'hui et je trouve cela assez sympathique pour cette dernière étape en France.
Garmathe s'annonce. Nous avons parcouru une dizaine de kilomètres.
3km de plus et nous traversons des pâturages en passant par des passages canadiens.
Nous sommes vraiment au plus prés des animaux!
C'est là que nous choisissons de pique-niquer.
Après Bussunaritz, nous longeons un château, le château d'Apat.
Nous arrivons ensuite à Saint-Jean-le-Vieux. Nous retrouvons là, attablés sur un trottoir en face de l'église, Ryeo et Patrick.
C'est l'occasion de prendre un café avec eux.
2 km après nous passons devant l'église rose de la Madeleine du 15ème et franchissons le pont sur la rivière Laurhibar. Il ne reste plus qu'un kilomètre environ avant l'arrivée...
Nous ne savons pas encore si ce sera le dernier ou pas...
Et enfin c'est Saint-Jean-de-Port avec un beau point de vue. Nous longeons la Citadelle perchée sur notre gauche.
Et voilà la Porte Saint-Jacques, tout un symbole. C'est par cette porte, ouverte dans les remparts au 15ème siècle, que passent tous les pèlerins qui se rendent à Compostelle.
Je ressens une grande fierté d'être arrivée jusqu'ici!
Puis c'est la rue de la Citadelle qui conduit à l'église de la cité, Notre-Dame-du-bout-du-Pont, gothique sur des bases romanes.
Autrefois, il y avait là beaucoup d'hostelleries et d'hôpitaux pour donner le refuge et les soins aux pèlerins fatigués.
Encore aujourd'hui de nombreux gîtes et également un accueil perpétuent la tradition.
Dès la porte franchie nous nous mélangeons aux nombreux touristes...
En plus des gîtes, beaucoup de magasins avec des charcuteries, fromages, gâteaux et linge basque.
De très vieilles maisons, 1784,1722,1655...
Devant l'église nous passons sous la Porte- Notre-Dame.
Des obsèques vont se dérouler et le corbillard arrive...Nous devons attendre...
Puis c'est le pont médiéval sur la Nive, dit "pont romain" lui aussi. Les vieilles maisons qui se reflètent dans l'eau me rappellent un peu celles d'Espalion.
Au delà c'est la rue d'Espagne par où repartent les pèlerins quand ils quittent la cité et où également se trouve notre gîte.
Une affiche indique qu'il n'ouvre qu'à 15h, une fois de plus nous sommes en avance...
Mais au moment où nous allons nous éloigner,la porte s'ouvre et on nous permet de déposer nos sacs dans l'entrée.
Nous pourrons ainsi nous balader plus léger.
Je remonte vers la maison de l'accueil-pèlerins où l'association des Amis des Chemins de Saint-Jacques tient une permanence.
Les bénévoles sont charmants et renseignent sur toutes les questions qu'on pourrait se poser. Les pèlerins sont nombreux.
Je fais tamponner ma crédential et je m'informe sur les 2 chemins qui mènent à Roncevaux, celui par les Ports de Cize en haut et celui par la "voie basse" de Valcarlos. On me remet de la documentation en plus des explications.
Nous ne savons toujours pas si nous arrêtons notre chemin aujourd'hui ou si nous faisons une étape de plus demain et si oui par quel chemin...
Nous avons entendu tellement de sons de cloches différents quant à la difficulté que je doute de moi et de mes capacités.
J'aimerais passer en haut car il parait que c'est magnifique mais certains disent que c'est une aberration de faire passer les pèlerins par là que c'est beaucoup trop dur, que la voie de Varcarlos est aussi belle....
En sortant de l'accueil je suis toujours dans la même indécision...
Je poursuis ma balade en attendant que le gîte ouvre.
Mon goût pour les tissus m'attire vers les belles vitrines de linge en toile Artiga.
J'apprends la signification de la croix Lauburu qu'on voit un peu partout, sur le linge, le fronton des maisons etc
Lauburu en basque signifie 4 têtes. La croix symbolise les 4 éléments de la vie: la terre,l'air, l'eau et le feu. Elle décore et porte bonheur.
Puis je redescends vers la porte Saint-Jacques voir si je rencontre des pèlerins connus et bingo ils sont tous là!
Nous échangeons quelques photos-souvenir, c'est la joie pour tous d'arriver.
Demain la plupart poursuivra jusqu'à Roncevaux. Michèle et Florence ont réservé dans le même gîte que nous.
A 15 h, je rejoins le gîte avec Francis pour l'installation.
C'est une des plus anciennes maisons de la rue avec un énorme et magnifique escalier en bois qui mène aux 2 étages.
Eric, le propriétaire nous demande en arrivant nos projets pour demain et nous lui répondons que nous pensons rentrer finalement...
Aussitôt il s'écrie avec son franc parler qu'il faut continuer, que ce serait une c....... de s'arrêter là, que si nous voulons poursuivre plus tard ce sera plus facile de démarrer après les Pyrénées, que la météo est idéale pour passer par le haut (ce qui est rare nous le savons!), que nous sommes en condition physique, que c'est magnifique, que ...
Son enthousiasme finit par faire envoler tous nos doutes, nous poursuivrons jusqu'à Roncevaux c'est décidé!
Demain sera donc la dernière étape, la plus difficile mais aussi certainement une des plus belles et des plus symboliques!
Une fois douchés et reboustés nous ressortons en attendant l'heure du dîner.
Après quelques petits achats en dehors de la cité, nous décidons d'aller à la gare, un kilomètre plus bas, nous renseigner pour le retour après-demain. Finalement nous achetons notre billet de train. Le départ sera à 9h20 avec 2 changements, un à Bayonne et l'autre à Toulouse.
Au retour nous nous promenons un peu sur la citadelle, le chemin de ronde sur les remparts (nous ferons une visite plus approfondie avant notre départ dans 2 jours)
La cité est vraiment belle...
Au dîner nous sommes peu nombreux, beaucoup ont préféré manger dehors. Le repas est bon et la discussion à table passionnante. Un bel échange, une bonne soirée...
4 juin, 32 éme étape, de Aroue à Ostabat
24,5 aujourd'hui à travers les collines verdoyantes de la campagne basque.
Le temps alternera entre quelques pluies et de belles éclaircies. Nous aurons le plaisir de marcher une grande partie de la journée avec Patick, un Nancéien et Ryeo la Coréenne.
Nous traverserons Uhart-Mixe seulement.
Avant de quitter notre gîte nous nous rendons à la cuisine pour récupérer, auprès de Simone, le pique-nique qui nous avions commandé hier et en particuliers la part du déliciex gâteau basque!
Nous démarrons par une montée jusqu'aux crêtes, récompensés par de magnifiques points de vues sur les pyrénées.
Nous sommes à 216m.
Nous redescendons ensuite.
A un moment j'entend floc, floc sur ma droite. Je regarde et je vois une vache blanche qui, magré la difficulté, s'obstine à nous suivre le long de la clôture. Il a plu et elle s'embourbe la pauvre!
Ryeo ne veut pas être photographiée alors je m'amuse en douce. Nous communiquons en anglais. Nous apprendrons un seul mot en coréen: bonjour = anyoung
Toute la journée nous jouerons à nous voler des photos et çà nous fera beaucoup rire!
Là, elle est entrain de photographier la vieille borne au-dessus de Jaureguiberry.
Quand nous arrivons à la bifurcation avec la variante vers Etcharry qui est plus courte de 2,5 km, nous préférons prendre le chemin normal qui descend et remonte.
Nous ne verrons pas la chapelle d'Olhaïby située un peu en retrait du chemin, dommage...
Il pleut, on entend le canon qui tire pour repousser les nuages de grêle.
Quand nous arrivons, à une douzaine de kilomètres, à la bifurcation qui conduit vers Larribar-Sorhapuru, la stèle de Gibraltar et la chapelle Soyarza, le groupe préfére tourner à gauche vers le chemin de "l'escargot" moins pentu.
Partout de belles maisons fleuries et dans les couleurs du pays, certaines très anciennes avec de beaux linteaux sculptés.
Nous arrivons à Uhart Mixe, il pleut et nous aimerions bien trouver un endroit pour manger au sec.
Nous entrons dans le village en passant sur la Bidouze, par le vieux pont romain.
Nous nous mettrons à l'abri au restaurant-gîte de l'Escargot.
Le patron est adorable et encourage les pèlerins à se mettre à l'abri même sans consommer.
Nous avons la surprise de trouver là, sur la terrasse abritée, tout plein de monde que nous connaissons, Florence, Michèle, Odile, Anne-Marie, Damien, Isabelle, le couple de Vichy etc.
Je prends quelques photos.
Nous, à l'intérieur, mangeons notre pique-nique et prenons un café avec Patrick et Ryeo.
Heureusement que nous sommes à l'abri car dehors s'abbat une grosse averse!
Dès que le ciel s'éclaircit nous repartons. Il nous reste à parcourir environ 8km.
Nous remontons au-dessus du village.
Toujours de magnifiques paysages avec des collines verdoyantes.
Ryeo n'arrête pas de faire le pitre. Une vraie gamine malgré ses 50 ans!
Çà fait du bien!
21 km, nous passons devant une vieille chapelle, celle d'Harambeltz.
J'apprendrai qu'il y avait là le prieuré hôpital bénédictin de Saint-Nicolas. Seule cette chapelle romane subsiste.
Les 4 familles qui habitent dans le hameau en sont copropriétaires.
Quand nous passons, elle est fermée et je ferai une photo de l'intérieur à travers la grille.
D'autres pèlerins, qui passeront après nous, auront la chance de faire une visite commentée par une des propriétaires.
Sur le tympan de la porte, un chrisme du 11ème siècle surmonté d'une croix malte et d'une étoile à 5 branches.
A l'intérieur, peintures, retable du 18ème, chaire et statue de Saint-Jacques du 17ème.
Un petit cimetière jouxte la chapelle et on peut apercevoir de nombreuses stèles discoïdales propres au Pays Basque, les "hilarri".
(hil=mort et arri=pierre)
L'arrivée se rapproche, il reste environ 4km avant Ostabat. Nous remontons sur les hauteurs.
Déjà beaucoup de troupeaux sont au pâturage.
Çà et là quelqu'un a accroché des messages philosophiques destinés aux pèlerins...
Au loin nous devinons Ostabat, perchée sur sa colline.
Avant de monter au village, je photographie une croix dont j'apprendrai la signification ce soir au restaurent:
Dans le secteur les chemins de Tours (la Via Turonensis) , de Vezelay (la Via Lemovicensis) et du Puy (la Via Podiensis) se rejoignent pour converger vers Compostelle.
Il a été écrit" ad hostavallam" que certains ont traduit par "vers Ostabat" et précisément à Gilbraltar, d'où la stèle.
Mais d'autres ont traduit "à Ostabat" et c'est cette stèle là, dans le style des croix discoïdales, qui marque depuis 1964 le point présumé.
Les habitants d'Ostabat sont bien sûrs que c'est là et cette certitude me console un peu de ne pas être montée à Gibraltar!
Nous avons donc terminé la Via Podiensis et commençons le Camino Navarro qui se prolonge jusqu'à Puente la Reina après le passage des Pyrénées.
A ce stade nous avons marché pendant environ 717km et je suis fière de moi...
Nous arrivons au gîte d'étape Ospitalia.
Ce gîte renoue avec sa vocation première puisque jadis c'était un hôpital pour pèlerins. La cité avec d'autres hôpitaux pouvait recevoir jusqu'à 5000 pèlerins!
La maison est sympathique dans le style basque d'autrefois, un évier en pierre, d'anciens meubles...
Deux étages avec 5 couchages chacun, 2 douches. Le tout un peu vieillot.
Nous partagerons la chambre avec une pèlerine venant de Vézelay. En haut il y a Florence, Michèle, Odile et sa mère.
Nous faisons un petit tour dans le village afin de faire quelques courses à la boulangerie-restaurent et réserver pour le dîner, nous n'avons pas envie de cuisiner et préférons nous retrouver tous au restaurant.
Çà grimpe dur pour arriver là-haut surtout quand on a marché toute la journée.
Je suis un peu déçue par la tenue du village. Ce n'est pas très soigné alors que nous avons été habitués à voir des maisons propres et fleuries. Certaines maisons sont très vieilles, comme le montrent certaines plaques et mériteraient d'être mises en valeur.
Un grand-père avec qui nous discuterons ce soir, nous dira qu'il n'y a pas d'argent pour çà.
En fin d'après-midi le propriétaire du gîte passe nous offrir un apéritif maison, encaisser et tamponner la crédential avec son beau tampon. Il reviendra nous souhaiter bonne route demain matin.
Nous remontons tous au restaurant.
Le repas est très bon et il y a une bonne ambiance, surtout en repartant!
Demain sera notre dernière étape à moins que...
3 juin, 31 ème étape,de Navarrenx à Aroué
Nous avons maintenant parcouru environ 674 kilomètres depuis Le Puy et sommes proches du but que nous nous sommes fixé: arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Tout se passe bien, aucune ampoule, aucune tendinite à déplorer!
Une étape de 19,500 km nous attend aujourd'hui.
Une fois franchi la porte de Navarrenx ainsi que le gave d'Oléron nous serons dans les moutonnements du Béarn, le village de Castelnau-Camblon, la forêt, le creux des vallons, les crêtes...
Au niveau du Saison, au bout de 13km, nous quitterons le Béarn pour entrer dans le Pays Basque dont Lichos sera le premier village.
Notre étape se terminera à Aroue.
Et nous voilà partis.
Nous remontons la rue jusqu'à la Place des Casernes et passons sous la belle porte Saint-Antoine, une des portes de la ville close.
Puis direction le vieux pont du 13ème siècle pour franchir le gave d'Oleron à l'eau bleutée.
Puis c'est très vite l'arrivée à Castenau Camblong
Au bout de 4km nous partons vers les bois et franchissons l'Ausset en passant sur le joli pont roman de Camblong.
Deux fois par an les palombes survolent les crêtes. Les chasseurs se postent là pour les attendre. "Silence", dit le panneau...
10 km et nous apercevons Charre au loin avec son fronton rose à côté de son église au toit bleu.
Je suis surprise de voir juste avant d'y arriver, un champ de tabac. Il y a bien longtemps que je n'en avais pas vu!
Nous n'entrerons pas dans le village, un passage souterrain nous fait traverser la départementale, revenir sur nos pas sur cent mètres et tourner vers la gauche.
Peu de temps après c'est la traversée du Saison cette rivière qui marque la frontière entre le Béarn et le Pays Basque.
Nous avons marché pendant 13km et nous commençons à avoir faim.
Nous mangeons 2 km plus loin, assis dans un abri- bus d'écolier, à l'entrée de Lichos, premier village basque.
Nous ne sommes plus très loin de l'arrivée et nous trouvons sur notre route un panneau faisant la pub pour notre gîte de ce soir, la Ferme Bohoteguia et aussi un fac similé de borne avec quelques distances:Compostelle 780km, Pampelune110km, Roncevaux 70km et Saint-Jean-Pied-de-Port 40km. Reste plus qu'à avancer!
Nous y voilà, la ferme est sur notre gauche.
Un dernier raidillon et nous entrons.
Nous sommes en avance, une fois de plus!
Simone, la jeune patronne, est dans la cuisine entrain de remuer une casserole presque aussi grande qu'elle et qui sent bon la soupe! Elle nous accueille gentiment.
Le gîte est moderne et il y a tout pour plaire aux pèlerins: un salon avec de grands canapés de cuir et de la lecture, une grande salle à manger, plein de douches et wc, une petite épicerie, de belles chambres bien éclairées et avec d'amusantes tables de chevet (qui indiquent Compostelle à 834km! ) ainsi qu'un éclairage individuel.
L'extérieur reste, par contre, à aménager. Pas assez de sièges, d'étendage...
Quand tous les pèlerins auront terminé leur lessive il n'y a plus assez de fils pour étendre et le linge sera posé, à l'ancienne, sur l'herbe du pré!
Simone expliquera ce soir, après le repas,qu'elle a repris le gîte à la suite de ses parents qui, eux, recevaient les pèlerins à côté, dans la vieille ferme.
Elle a récupéré l'ancienne grange pour en faire un grand gîte moderne.
Elle le gère, de main de maître, depuis un an avec l'aide ponctuelle de son frère.
C'est une femme très dynamique et très agréable, nous allons être bien je le sens!
Au dîner, nous sommes nombreux et il y a une bonne ambiance. Nous sommes à côté de 3 copines bordelaises qui marchent ensemble sur un bout du chemin, tous les ans. Il y a aussi Ryeo, une coréenne qui vient toute seule du Puy et va jusqu'à Compostelle. Nous marcherons demain avec elle.
Simone nous a préparé un délicieux repas digne d'un grand restaurent et à plusieurs reprises les pèlerins vont la féliciter et l'applaudir!
2 juin, 30 étape d'Argagnon à Navarrenx
Cette étape de 25km va nous conduire à Navarrenx.
Pendant 17 km ce ne seront que montées et descentes très fatigantes.
Les derniers kilomètres, se feront à travers la forêt de Meriteins et nous permettront de gagner agréablement l'autre vallée: celle du Gave d'Oléron.
Nous passerons par Maslacq puis à côté du bel ensemble monastique de Sauvelade, et pour finir par le village de Meritein.
Nous nous retrouvons vers 8h au bord de la N117 très passagère et dangeureuse. Heureusement qu'il y a une glissière de sécurité!
Nous passons ensuite sur une série de ponts, celui de la voie ferrée, du Gave de Pau et de l'autoroute 64 (Je crois que c'est la 3ème fois que depuis le Puy nous croisons une autoroute)
Sur les hauteurs, au loin , nous apercevons les infrastructures de Lacq.
Découvert en 1949, le gaz naturel,atteignit sa pleine production en 1961 avec 200 millions de m3 par jour. Le gisement, décroissant, ne sera épuisé qu'en 2020.
Peu de temps après c'est Maslacq, son manoir du 18ème siècle et quelques ruines d'une ancienne abbaye.
Nous passons une première fois sur le Géu et montons une côte boisée vers le sanctuaire de Muret.
Qui dit là un Ave Maria a droit à 50 jours d'indulgence, peut-on lire!
Nous poursuivons sur la succession de montées et de descentes pour, au bout de 10km, arriver à Sauvelade.
Après avoir franchi le Laà nous sommes devant l'impressionante abbaye cistercienne du 12ème siècle, en forme de croix grecque.
Une magnifique toiture en cascade faite d'ardoise et de tuiles.
A l'intérieur un beau dépouillement...
L'ensemble,avec la statue de Saint-Jacques à gauche de l'autel, est classé aux Monuments Historiques.
A côté, le vaste monastère du 17ème.
Nous continuons à monter le long de la petite route et c'est harrassant.
Nous avons du mal à trouver un endroit confortable pour faire une pause.
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Les kilomètres diminuent malgrè tout (ou augmentent, c'est selon...)
Nous monterons ainsi jusqu'à 258m puis c'est enfin la descente à travers la forêt. Que c'est agréable!
Quelques kilomètres avant d'arriver, nous traversons le village de Méritein.
Puis c'est enfin l'arrivée à Navarrenx et ses remparts.
Nous pénétrons par là où se tenait jadis la Porte Saint-Germain démolie au 19ème siècle pour faciliter la circulation. C'est la seule partie manquante de l'ensemble des remparts.
Pour l'anecdote, nous devons règler notre réservation dans un café de la rue principale, le Dahut.
Fatigués certainement, nous écoutons mal les explications qu'on nous donne pour trouver le gîte. Pensant être au bon endroit nous nous évertuons à trouver le 2ème étage où doit être notre chambre (aidés par d'autres pèlerins!).
Mais pas de 2ème étage accessible, la porte est fermée à clef! Je téléphone au Dahut mais rien d'étonnant car...nous sommes en fait au gîte communal de Foirail alors que j'ai réservé à celui de l'Arsenal! ( J'apprendrai par la suite qu'il y a, en fait, 3 gîtes communaux dans le petite ville)
L'Arsenal construit au 17ème siècle, sur l'ancienne maison des Rois de Navarre herberge maintenant à son 2ème étage 35 pèlerins.
Navarrenx est une ancienne place forte et il pouvait loger là jusqu'à 400 soldats et 30 000 boulets dans la cour!
Après la douche et la lessive je pars faire un tour dans la jolie ville.
Tout d'abord je me rends à une exposition qui se tient au rez-de-chaussée du bâtiment.
Je m'instruis un peu sur l'histoire de Navarrenx, sa configuration.
Place forte ses différents dispositifs de défense sont encore présents: les remparts hauts de 10m, classés aux Monuments Historiques, des bastions et différents bâtiments militaires.
Ces fortifications qui ceinturent toute la bastide, représentaient un exemple presque unique dans l'architecture de la France du 16ème siècle et Vauban s'en serait inspiré.
La tour de la Poudrière, l'Arsenal, la Place des Casernes et surtout la monumentale porte Saint-Antoine, face au Gave d'Oléron sont à voir.
Je poursuis donc mon tour. Le reste je le verrai demain en partant...
Plus tard, avec Francis, nous partons faire quelques courses au super marché à l'autre bout de la ville car, ce soir, nous devons cuisiner.
A la fin du repas nous discuterons assez longuement avec une pèlerine Martine, bloquée depuis 3 jours par une tendinite et avec Jean-Marie, spécialiste des médecines douces qui finit son chemin ce soir et qui nous raconte un peu sa vie et nous donne quelques recettes de phytothérapie contre divers maux.
1er juin, 29ème étape, de Pomps à Argagnon
Une étape assez courte, encore une fois, puiqu'elle fait environ 18km.
Nous sommes dans le Saubestre, petite région de fortes collines et nous allons grimper et descendre plusieurs fois!
Tout d'abord en haut de Castillon, puis, après une descente, nous monterons jusqu'à Arthez-de-Béarn, perché au-dessus de la plaine du gave de Pau, face aux Pyrénées. Pour finir nous descendrons à Argagnon, au bord du Gave, que nous atteindrons en tout début d'après-midi.
Le ciel nuageux au départ (il a plu dans la nuit) va devenir ensoleillé.( voir carte sur la dernière étape)
Au bout de 3 km, nous enjambons le ruisseau du Lech et commençons à monter vers Castillon qui se détache là-haut sur la colline. Une sacrée grimpette!
Un tout petit village avec un manoir en face de l'église romane, quelques maisons et une ferme le long du chemin en terre.
Nous sommes maintenant dans la vallée de l'Aubin que nous franchissons un kilomètre après Castillon.
Puis nous montons à nouveau en direction la chapelle de Caubin.
En face d'elle un oratoire maçonné de galets du Gave et dédié à la Vierge (en remerciement d'avoir préservé les 37 prisonniers du coin, lors de la dernière guerre)
Cette chapelle est celle de la commanderie des Hospitaliers de Jérusalem qui fut très prospère au 12ème siècle.
Elle arborre un chevet semi-circulaire, avec un mur fronton et un toit plat.
Restaurée, elle est maintenant classée comme Monument Historique.
3 km de plus et c'est l'entrée dans Arthez-de-Béarn.
C'est dimanche,il est 11h et il y a beaucoup de monde dans la rue; les gens qui vont à la messe, à la boulangerie, les pèlerins...
Nous sommes assez déçus. Comme dit un pèlerin "un beau nom qui fait rêver pour un bourg pas très beau". Il s'étire le long de la rue principale. Il y a un point de vue sur la vallée mais la chaîne des Pyrénées est à peine visible. J'aperçois au loin le complexe industriel de Lacq...
Petit arrêt dans la boulangerie et nous grignotons un peu sur un banc au bord de la rue et nous voyons passer pas mal de connaissances.
L'église, coincée entre les maisons, est assez massive.
Elle est récente mais a emprunté au château disparu un clocher-tour du 12ème siècle.
Une musique religieuse s'élève, la messe commence.
Nous descendons dans la vallée du Gave en direction d'Argagnon qui n'est plus qu'à 7,5 km.
Nous pique-niquons sur le chemin.
La petite église pointe son clocher au-dessus d'un pré.
Il nous faut maintenant trouver le gîte privé que j'ai réservé.
Il se trouve 300m en dehors du GR qu'il faut quitter juste avant le pont sur le Gave.
Encore une fois, nous arrivons au moment du repas et nous sommes les premiers.
Le cadre est magnifique, une maison de maître au milieu de la verdure.
Nous logerons dans une annexe, collée à droite de la maison.
L'ensemble est agencé qu'avec de la récupération mais l'ambiance est cosy, nous allons être bien, je le sens.
Il y a même 3 roulottes dans le bosquet. A l'intérieur on dirait une maison de poupée!
Elise, la jeune pèlerine belge logera dans une d'entre-elles.
Une fois douchés, la lessive étendue dehors au soleil, il n'y a rien d'autre à faire qu'à se balader dans la propriété, se reposer au soleil, regarder arriver les autres, discuter, lire, prendre des notes et des photos ...
Une après-midi détente bien agréable.
30 mai, 27ème étape, de Miramont-Sensacq à Arzacq-Larraziguet
Aujourd'hui s'annonce l'étape la plus courte, 15km.
Nous passerons par Sensacq puis Pimbo et entrerons dans les Pyrénées-Atlantiques ce département qui reçoit tous les chemins vers Compostelle.
(voir la carte dans l'article précédent).
Nous partons vers 8h sans nous presser, aujourd'hui devrait être une journée détente.
Reste 953 kilomètres, peu de chose donc!
Nous passons devant plusieurs belles fermes.
Les paysages de la campagne ont des couleurs très douces.
Le hameau de Sensacq s'annonce au bout de 5km.
Sa petite église romane du 11ème siècle, domine sur une butte, toute seule au milieu des champs.
Nous faisons une petite halte.
A l'intérieur une charpente en carène de bateau évoque pour moi une immense coquille Saint-Jacques.
3,5 km après, je fais un crochet pour aller admirer la jolie fontaine de Houngrosse à l'eau bleutée.
9km et on aperçoit Pimbo qui surplombe la vallée du Gabas.
La collégiale Saint-Barthélémy aurait été fondée en 778 par Charlemagne.
Nous faisons une petite halte sur la place, à côté de la halte pèlerine.
Sur son portail sculpté du 12ème siècle, on remarque des disques d'allure celtique, des pommes de pins et des personnages assis et parfois enlacés.
A l'intérieur, je suis étonnée, un vitrail est cassé et les pigeons ont investi les lieux. il y a des déjections partout...
Je ressors par une porte arrière dans un très joli jardin.
Nous passons dans les Pyrénées-Atlantiques, 4ème département après le Tarn-et-Garonne, le Gers et les Landes.
Nous descendons dans le beau site du Coteau du Moulin.
Tout le long, de belles maisons du pays avec leurs galets du Gave...
A l'arrivée d'Arzacq nous nous arrêtons dans un supermarché faire quelques emplettes puis c'est l'arrivée au centre du village.
Il est midi et demie, nous mangeons sur un banc de la Place Mercadieu.
Ensuite nous allons vers le gîte d'étape du centre d'accueil communal où j'ai réservé une demi-pension.
Mais c'est un peu tôt et nous devons attendre l'ouverture dans la salle d'accueil en buvant un café.
Nous logerons dans une chambre pour 2 cette-fois-ci.
Le cadre a un petit air de vacances, manque que la mer...
Notre petite lessive pourra sécher auprès du radiateur dans la salle de bain, un luxe...
Une fois changés nous partons comme d'habitude faire un petit tour dans le village.
L'église Saint-Pierre est assez récente mais à l'intérieur se trouve, entre autre, une très belle Vierge à l'Enfant, du 16ème siècle, taillée dans un bloc de bois de tilleuil et un beau vitrail de Saint-Jacques.
Nous décidons aussi d'aller voir, en bas du village, à un kilomètre environ le magnifique lavoir, du 19ème siècle, en fer à cheval, dont on voit des photos partout.
Quand nous arrivons quelle n'est pas notre déception, le toit est en grande partie effondré. Est-ce bien le bon lavoir?
J'arrive péniblement à faire une photo sur laquelle on ne voit pas les dégats.
Une ou deux étapes plus loin, Francis en connaîtra la raison par hasard, en feuilletant un journal local qui traine dans un gîte. Une automobiliste a quitté la route qui le surplombe à droite et a littéralement volé dessus! (elle s'est juste blessée)
Et dire que ce lavoir venait d'être restauré...
Après un bon repas pris tous ensemble, nous sommes une trentaine, la journée s'achève.
29mai, 26ème étape, de Aire-sur-l'Adour à Miramont Sensacq
Si on suit les guides parlant du Chemin, l'étape suivante devrait aller jusqu'à Arzacq-Arraziguet, donc 33km.
Une étape vraiment longue et en plus, en ce jour d'Ascension, tous les gîtes sont pleins (il parait qu'un groupe de 40 jeunes est dans les parages et occupe les lits!).
Le découpage des étapes s'avère donc difficile pour tous ceux qui n'ont pas réservé longtemps avant.
Pas grave, pendant quelques jours, nous marcherons un peu moins, çà nous permettra de nous reposer un peu...
Aujourd'hui ce sera 18km dans le département des Landes, essentiellement à travers des champs de maïs, sans traverser de village.
Au réveil Francis a un mal de tête tenace et au gîte on nous conseille d'aller faire un petit tour à la source de Sainte-Quitterie en partant. Elle est à environ 100m de là, çà tombe bien!
" Selon la légende, Quitterie, jeune princesse wisigothe chrétienne, aurait été décapitée là pour avoir refusé d’épouser un prince wisigoth arien vers 480. Une fontaine jaillit à l’endroit où sa tête toucha le sol, deux anges lui auraient ensuite demandé de prendre sa tête dans ses mains et de porter son corps plus haut, dans l’oratoire Saint Pierre où un sarcophage l’attendait. Cette fontaine est un lieu de pèlerinage car elle est considérée comme miraculeuse pour guérir des maux de tête, des maladies des yeux et des épileptiques."
Nous partons donc confiants!
Pour la petite anecdote, j'oublie même mon sac de randonnée au gîte et je dois revenir le chercher! Où ai-je la tête, dans la source certainement!
Est-ce dû à l'eau miraculeuse ou au comprimé de paracétamol pris au petit-déjeuner, en tout cas la douleur s'envole...
Peu de temps après, au cours d'une rude montée, nous passons devant l'église Sainte-Quitterie-du-Mas. C'est un édifice gothique avec une tour carré et un clocher porche abritant un portail sculpté. Au centre, le Christ bénissant entre saint Jean et la Vierge.
Il est 7h30, l'église est fermée et nous ne verrons pas à l'intérieur le sarcophage en marbre blanc de la sainte, tans pis...
3,5 km après le départ nous arrivons à l'étang de Broussais.
Tout est calme, il n'y a pratiquement personne, juste un ou 2 pêcheurs.
Pendant un bon km nous le longeons sur toute sa longueur puis le contournons.
Nous passons ensuite sous une succession de ponts.
Le Camino a dû, au fil des ans, s'adapter à la modernité et s'est allongé ainsi de beaucoup de kilomètres!
Partout des champs de maïs, la nourriture de base des canards.
Pour le moment la plante mesure entre 5 et 20 cm et nous nous demandons ce que verront les pélerins dans quelque temps quand elle mesurera plus de 2 m! Ce sera étouffant et terriblement monotone!
A 14km nous passons devant un joli petit calvaire situé à l'entrée d'une ferme.
Un peu plus loin dans un bosquet, sur le ruisseau Bahus, nous rencontrons quelques pèlerins en vélo.
Cette année, contrairement à l'an passé, nous en croisons à plusieurs reprises...
Nous décidons de pique-niquer sur une table juste avant d'arriver à Miramont.
Nous y sommes à midi et demie.
Je suis bien contente, finalement, car, même si l'étape n'a pas été trop longue, je commence à être fatiguée...
Au gîte communal, les hospitaliers, Bernard et sa soeur sont entrain de manger et nous sommes un peu gênés d'arriver si tôt.
Mais Bernard nous met à l'aise et nous invite à nous installer.
Nous serons dans un dortoir de 4 personnes avec 2 lits superposés.
Nous prenons le café ensemble puis c'est le rituel, douche et lessive.
Il fait beau et nous avons tout notre temps pour nous promener dans le petit village fleuri.
Nous sommes à Miramont ancienne bastide anglaise. Sensacq, un hameau éloigné de 12km, lui a été rattaché en 1844. Nous le traverserons demain.
Le rapprochement de l'église-Saint-Martin et du château d'eau nous surprend un peu. Ils profitent tous 2 du point culminant du village!
Au point de vue, à côté de l'église, nous pouvons deviner la chaîne des pyrénées.
Je crois que cette étape, au point de vue des rencontres, marque un tournant dans le parcours de cette année.
Jusque là nous avions fait quelques connaissances mais assez furtives.
Beate est passée devant aujourd'hui et nous avions peu d'échanges avec elle de toute façon... Armand nous a quittés bien vite etc
Aujourd'hui nous allons rencontrer pas mal de personnes avec qui nous continuerons jusqu'à la fin mais nous ne le savons pas encore,bien sûr...Certains reprennent (ou prennent) le Chemin juste aujourd'hui.
Un petit apéritif nous rassemble tous et nous permet de faire un petit peu connaissance.
Il y a là des pèlerins venus de très loin: Allemagne, Nouvelle-zélande, Belgique mais aussi de la région parisienne, d'Angers... et même une voisine du Tarn et Garonne!
Le repas (proposé en donativo)est très bon et l'ambiance détendue.
Les 2 hospitaliers sont très agréables et nous passons une bonne soirée tous ensemble.
28 mai, 25ème étape, de Nogaro à Aire-sur-l'Adour
Pour cette 7ème étape de l'année nous allons parcourir 29km et mettre nos pieds dans le département des Landes.
Quelques pins commencent à apparaitre, l'habitat change, la vigne se fait plus discrète.
Dans la riche vallée de l'Adour s'étalent des cultures céréalières. Fini, pour le moment, la succession de collines, le paysage devient plat.
Nous allons passer à Lanne-Soubiran, Manet, laisser sur le côté Barcelonne-du-Gers et arriver sous la pluie à Aire-sur-l'Adour.
Il est 7h quand nous quittons le gîte et nous dirigeons vers la ville.
Nogaro tient son nom d'une plantation de noyers (Nogarolium) mais nous n'en voyons aucun!
Nous montons vers la collégiale Saint-Nicolas et son élégant portail.
J'aimerais voir les belles fresques à l'intérieur mais, hélas, elle est fermée...
Nous continuons à marcher entre bois, routes, chemins et arrivons au bout de 8km à Lanne-Soubiran.
Nous faisons une halte dans sa jolie petite église.
Pendant un moment nous cheminons en forêt.
C'est le pays de la chasse aux palombes et de grandes échelles dans les arbres nous le rappellent.
De belles publicités annoncent que nous sommes dans le vignoble de Saint Mont, un vin AOC
"Le vignoble de SAINT MONT s’étend sur les premiers coteaux du Piémont pyrénéen, dominant les vallées de l’Adour, au cœur des paysages préservés du Sud Ouest.
Cette proximité pyrénéenne associée à l’influence océanique, donne toute sa particularité à la climatologie du vignoble de SAINT MONT."
Puis au bout de 15,5 km c'est le petit village de Lelin-Pujolle, avec son amusante église au clocher en forme de capuchon!
Pendant les 10 derniers km le Chemin va longer, plus au moins, une ancienne voie ferrée.
Dieu qu'il est long ce parcours rectiligne et sans un endroit confortable pour nous arrêter!
Nous mangerons finalement assis sur le talus.
Nous apercevons, au loin, des chaises jaunes mais nous avons déjà mangé et en plus elles sont occupées...
Un petit endroit de repos. C'est sympa que des gens pensent aux pèlerins fatigués.
Quand nous arrivons à Barcelone-du-Gers au bout de 25km, la pluie s'est mise à tomber.
Nous faisons un petit arrêt sous l'immense lavoir aux 2 grandes cheminées.
Il devait se tenir là, autrefois, de fameuses "bugades"!
Nous entrons tout droit dans Aire-sur-l'Adour. C'est la même agglomération.
Nous sommes maintenant dans les Landes.
Le cœur de la ville est situé de part et d'autre de l'Adour et nous savons que le gîte réservé est à côté de l'église Sainte-Quitterie.
Nous traversons l'Adour vers la rive gauche.
Les signalétiques, régulières au début, disparaissent complètement et il faut demander notre chemin. Le second passant interrogé arrive à bien nous renseigner et nous continuons tout droit.
Un petit coup d'oeil en passant sur la cathédrale Saint-Jean-Baptiste...
Nous sommes enfin arrivés au gîte d'étape réservé aux pèlerins à pied, sans portage de sac.
Une fois installés nous sortons faire quelques courses et visiter un tout petit peu la petite ville.
La Halle aux Grains, toute proche,de forme octagonale avec de grandes arches en pierre, est impressionnante. Elle est classée aux monuments historiques.
Nous logeons ici en demi-pension et passons une bonne soirée.
PS:A la demande des propriétaires du gîte j'ai supprimé les quelques photos du lieu (pourtant bien anodines!) et mes impressions sur l'accueil...